Newsletter #7 : L’utilisation de la tente – Bilan d’un an de voyage
Après un an sur les routes, on fait le point sur son utilité en fonction du mode de transport, des pays traversés et de nos envies de liberté. Atout précieux pour certains, poids superflu pour d’autres, la tente soulève bien des questions. Dans cet article, on partage notre expérience personnelle, les galères, les bons plans, et ce qu’on aurait aimé savoir avant de partir.
Voyager avec une tente en slow travel : atout ou fardeau ?
Comme on le disait dans notre précédent article sur l’équipement, le choix d’emmener une tente en voyage au long cours dépend avant tout du mode de transport et des envies de chacun. Si certains voyageurs ne jurent que par le bivouac, d’autres peuvent se rendre compte que cet équipement devient une charge plus qu’un avantage.
Prenons l’exemple de Julian, un cyclovoyageur qui passe 80 % de ses nuits en bivouac. Sur deux ans de voyage, il a dormi environ 600 nuits sous sa tente. Avec une nuit d’hôtel coûtant en moyenne 15 €, cela représente une économie d’environ 9 000 €. Mais au-delà de l’aspect financier, c’est surtout une immense liberté : pouvoir s’arrêter où bon lui semble, sans dépendre des infrastructures.
En autostop, les perspectives sont similaires, bien que plus limitées. Nous dépendons des rencontres et des opportunités offertes sur la route. Sur une année d’autostop, nous avons passé 75 nuits en tente, soit environ 20 % de nos nuits. C’est quatre fois moins qu’un cyclovoyageur comme Julian. En Asie du Sud-Est, par exemple, nous avons très peu utilisé notre tente, contrairement à des pays offrant de grands espaces comme la Turquie, la Géorgie, le Kirghizistan ou encore la Mongolie. Bien entendu, nous avons évité les périodes de grand froid et avons planifié nos itinéraires pour bivouaquer dans des conditions optimales.
Pour les voyageurs utilisant majoritairement les transports en commun, la tente est encore moins essentielle. Nous avons rencontré plusieurs personnes qui avaient transporté du matériel de camping tout au long de leur périple, mais ne l’avaient utilisé qu’une trentaine de nuits en tout. Si ce matériel n’est pas réutilisé après le voyage, cela ne représente pas forcément un bon choix. Dans la plupart des cas, ces voyageurs ont planté leur tente uniquement lors de treks populaires, où il est souvent possible de louer du matériel sur place. Cela aurait réduit leur charge et évité un investissement parfois conséquent, dont l’impact écologique n’est pas neutre, pour un équipement qui n’aura été utilisé que quelques fois. Dans ce cas, la liberté espérée s’est retrouvée largement diminuée par le poids du matériel transporté.
Choisir la bonne tente : un critère essentiel
Pour que la tente soit un atout et non un poids inutile, le choix du modèle est primordial. Voici quelques critères à considérer :
- Le poids : Une tente trop lourde peut devenir un fardeau, surtout pour les randonneurs et auto-stoppeurs.
- La facilité de montage : Monter une tente en 2 minutes sous la pluie ou dans le noir est un luxe appréciable.
- La résistance aux intempéries : Vent, pluie, neige… Une bonne tente doit s’adapter aux conditions rencontrées en voyage.
On recommande donc une tente trois saisons, légère et qui peut facilement se monter. À notre connaissance, les deux modèles les plus vendus sont la tente MSR Hubba Hubba et la tente Forclaz Trek 900 Ultralight.
L’utilisation de la tente : réglementation, choix du spot et entretien
La réglementation : se renseigner avant d’installer son bivouac
Avant de planter sa tente, il est essentiel de connaître les règles en vigueur. Certains pays, comme la Norvège, la Suède ou l’Écosse, autorisent le bivouac sauvage sous certaines conditions, notamment le respect d’une distance minimale avec les habitations et une durée de stationnement limitée. En revanche, d’autres, comme la Suisse ou l’Italie, interdisent strictement le camping en dehors des zones dédiées. En France, la législation varie selon les régions et les parcs naturels : dans certains cas, il est toléré à condition de monter la tente au coucher du soleil et de repartir au lever du jour. Dans certaines parties du monde, bivouaquer peut également présenter des risques. En Amérique du Sud, s’installer trop près des routes ou dans des endroits isolés peut exposer aux vols, tandis qu’en Australie, il faut prendre en compte la présence d’animaux dangereux. Se renseigner à l’avance sur la réglementation et les retours d’autres voyageurs permet d’éviter bien des désagréments.
Le choix du spot : sécurité et confort avant tout
Un bon emplacement de bivouac doit garantir à la fois tranquillité et sécurité. S’éloigner des routes et des habitations permet d’éviter les nuisances et les mauvaises rencontres. Il est préférable d’éviter les zones trop exposées au vent, les terrains instables ou encore les lits de rivière qui peuvent être inondés en cas de pluie soudaine. Vérifier la météo avant d’installer sa tente permet d’anticiper d’éventuelles intempéries et d’adapter son installation en conséquence. Dans certaines régions, la faune impose des précautions particulières. Lorsqu’il y a un risque d’ours, il est impératif de suspendre la nourriture à l’écart du campement. Dans les zones où vivent serpents et scorpions, secouer ses chaussures et son sac de couchage avant de les utiliser est une habitude à adopter. Choisir son spot avec soin permet d’éviter bien des désagréments et de profiter d’une nuit sereine.
L’entretien : préserver son matériel sur le long terme
Une tente bien entretenue dure plus longtemps et reste plus efficace face aux intempéries. L’humidité est l’ennemi principal : il est crucial de la ranger uniquement lorsqu’elle est sèche afin d’éviter la formation de moisissures. Après une nuit sous la pluie, il faut la faire sécher dès que possible. Pour protéger le tapis de sol, une bâche placée en dessous limite l’usure causée par des surfaces abrasives. Les accrocs et déchirures peuvent survenir au fil du voyage, d’où l’intérêt d’emporter un kit de réparation avec patchs, fil et ruban adhésif. Un entretien régulier garantit confort et durabilité tout au long du voyage.
Nos bivouacs d’Europe à l’Asie : Rencontres, Galères et Spots Inoubliables
D’un bout à l’autre du continent, planter sa tente a été une expérience aussi imprévisible qu’enrichissante.
En Europe, il y a eu ces bivouacs faciles, au milieu de la Forêt-Noire en Allemagne ou sur les sentiers de Crète, où l’on pouvait s’endormir bercés par le bruit des vagues. Mais aussi ces nuits de fortune dans un jardin de particuliers croisés sur la route en Italie, ou sous un porche en Grèce, en attendant un ferry matinal.
Les vastes steppes d’Asie centrale nous ont offert une autre liberté. Au Kirghizistan et en Mongolie, il suffisait de marcher un peu pour se retrouver seuls face à l’immensité. Là-bas, bivouaquer est presque une évidence, tant le paysage s’y prête. Pourtant, même dans ces espaces infinis, les rencontres survenaient toujours : un berger à cheval s’arrêtant pour partager un thé, des enfants curieux s’approchant de la tente au lever du soleil.
Mais tout n’a pas été idyllique. Il y a eu les galères, comme ces nuits en Ouzbékistan où, faute d’un meilleur endroit, nous avons dormi au bord de l’autoroute, en plein désert, bercés par le passage des camions. Ou encore ce spot inoubliable en Géorgie, où nous avons dû planter la tente sur le Guli Pass, entre Mazeri et Mestia, après une ascension inconsciente dans la neige. Et ces nuits insolites en Chine, où il n’y avait aucune règle pour poser sa tente : parcs, belvédères, dans une gare, derrière une usine… surtout quand le bivouac devient forcé, parce que les hôteliers n’ont pas le droit d’accepter des étrangers !
Chaque bivouac, qu’il soit magique ou chaotique, a marqué la route. Dormir dehors, c’est accepter l’inattendu — et parfois, c’est justement dans ces imprévus que se cachent les souvenirs les plus forts.
Alors, faut-il emporter une tente ?
La réponse dépend de votre mode de voyage et de votre envie d’autonomie. Si vous partez à vélo ou comptez explorer de vastes espaces naturels, elle sera un atout inestimable. En autostop, elle reste un bon complément, mais sans être indispensable. Pour un voyage en transport en commun, mieux vaut bien réfléchir à son utilité avant de l’ajouter à son sac.
Dans tous les cas, le choix d’emporter une tente doit être mûrement réfléchi en fonction du type de voyage, des pays traversés et de la fréquence d’utilisation. Une chose est sûre : ceux qui l’utilisent régulièrement en garderont des souvenirs inoubliables.