Rencontres en Arménie en autostop
Relier les capitales en autostop : Erevan à partir de Tbilissi
À Tbilissi, nous faisons nos adieux à Lasha, un jeune Géorgien qui nous avait chaleureusement accueillis chez lui. Nos soirées ont été rythmées par des moments de partages entre jeux de société et films géorgiens, notamment le film « BLACKBIRD, BLACKBERRY » de Elene Naveriani que nous recommandons fortement.
Pour rejoindre Erevan – où Alisa et Kostyra, un couple de Russes, avaient accepté de nous héberger – nous avons dû prendre deux bus pour sortir de Tbilissi et se positionner sur un emplacement stratégique pour débuter l’autostop.
Un détour imprévu à la frontière
Les conducteurs se sont enchainés pour avancer jusqu’à la frontière arménienne, avant que l’un deux nous informe que le poste-frontière principal vers l’Arménie était fermé à cause des récentes inondations. Cette nouvelle nous a contraints à un détour de plusieurs heures en direction d’un poste secondaire.
En chemin, nous avons rencontré un Koba, un Géorgien très jovial, en route pour livrer un colis scellé à l’aéroport d’Erevan. Il se présentait en riant : « big man, big heart ». Ensemble, nous avons attendu près de deux heures dans une file d’attente interminable au poste-frontière. Il nous a offert un café extrêmement sucré et du pain et fromage géorgiens extrêmement salés que l’unique local en bord de route vendait à l’improviste. Finalement, nous avons décidé de passer la frontière à pied, ce qui nous a permis d’entrer en Arménie en quelques minutes à peine.
La nuit tombe, l’autostop continue
Malgré la nuit tombée, nous avons poursuivi notre route en autostop. Un premier conducteur arménien, parlant russe, nous a avancés d’une heure avant de nous déposer à un croisement. Là, sous un orage menaçant, deux autres Arméniens nous ont pris à bord de leur voiture. Leur hospitalité nous a surpris lorsqu’ils nous ont invités à passer la nuit chez eux et à partager leurs repas avec leur famille.
Nous avons découvert la richesse de la cuisine arménienne et appris des anecdotes culturelles, comme la symbolique de l’abricot, fruit national du pays dont la couleur orange figure sur le drapeau arménien. Ils nous ont également fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis de la situation du pays qui venait de céder quelques villages à l’Azerbaïdjan contre l’avis du peuple. Le lendemain, après plusieurs arrêts chez leurs proches, notre hôte, qui devait retourner à Amsterdam, nous a conduit à l’aéroport d’Erevan où il devait déposer son véhicule.
Accueil à Erevan : Alisa et Kostya
À l’aéroport, un couple d’amis à lui a pris le relais pour récupérer sa voiture et nous conduire dans le centre-ville d’Erevan. Là, nous avons enfin retrouvé Alisa et Kostya, nos hôtes russes. Alisa, passionnée par sa ville d’adoption, nous a donné une multitude de recommandations pour visiter Erevan et ses environs.
Leur complicité et leur générosité nous ont profondément touchés. Ils nous ont notamment aidés à réserver des billets de train et de bus sur des sites russes, inaccessibles à l’achat avec des cartes bancaires étrangères. Nous avons partagé des soirées conviviales à jouer à leurs jeux de société préférés comme Splendor et Carcassonne, accompagnés de thé et de biscuits. Ce fut aussi l’occasion de découvrir la gastronomie russe puisqu’ils cuisinent à merveille et de mieux connaître la communauté russe à Erevan.
Rencontres impromptues dans un road trip en autostop autour d’Erevan
L’autostop dans notre boucle nous a permis de rencontrer des Arméniens. Leur curiosité naturelle nous a emmené à des discussions spontanées.
Communiquer avec des Arméniens accueillants
La plupart des Arméniens rencontrés ne parlaient pas anglais. Leur langue secondaire, si ce n’est pas parfois leur langue principale, est sans conteste le russe. Nous avons rencontré quelques Arméniens parlant parfaitement le français. Nous avons vite compris que la culture française était très appréciée des Arméniens en particulier le cinéma et la musique.
Des touristes qui ouvrent leurs portes
Durant notre séjour, nous avons rencontré des voyageurs, comme Karliee et Carter, un couple de Canadiens, avec qui nous avons visité le célèbre monastère de Khor Virap, connu pour sa vue imprenable sur le mont Ararat.
Une nuit insolite au “Jardin des artistes”
En dehors d’Erevan, nous avons principalement dormi sous tente. Une expérience mémorable fut notre nuit dans un lieu découvert sur Google Maps, intitulé « Jardin des artistes ». Après une longue marche, nous avons retrouvé le préau repéré comme sur les images, cependant entouré de barrières. Après quelques hésitations nous avons tout de même décidé d’y installer notre campement en envoyant un message au prétendu propriétaire que nous avons retrouvé sur les réseaux sociaux via son nom indiqué sur Google Maps. Nous n’avions malheureusement pas eu de réponse.
Le lendemain matin, à notre surprise, le propriétaire, Armen, est arrivé de bon matin, dans sa voiture, accompagné de sa femme. Armen, peintre de profession ayant exposé à Paris, nous a accueillis avec sourire et bienveillance, nous offrant café et pâtisseries. Ce jardin, son atelier de création, était son refuge le week-end. Ce fut une rencontre aussi imprévue qu’enrichissante.
Retour à Erevan avant de se rediriger vers le Géorgie
Les retrouvailles d’Alisa et Kostas à Erevan
Nous sommes retournés chez Alisa et Kostas pour récupérer nos passeports à Erevan suite à nos démarches effectuées pour obtenir notre visa transit russe. Nous avons pu visiter les derniers centre d’intérêts d’Erevan comme le Musée du Génocide Arménien, avant de se diriger vers la frontière géorgienne.
Une soirée étrange dans une communauté singulière
En fin d’après-midi, toujours sur la route pour quitter Erevan, un Arménien nous a généreusement invités à passer la nuit chez lui. Nous avons découvert son foyer, peuplé de chiens et partagé avec une petite communauté où il vivait, notamment avec sa compagne, une artiste russe. Autour d’un repas convivial, nous avons échangé, puis regardé un film arménien réalisé par Sergueï Paradjanov, dont l’approche artistique, avant-gardiste, nous a marqués. Sa compagne nous a confié les raisons de son départ de Russie à Moscou, la pression était devenue insoutenable. Une amie à elle avait été emprisonnée pour avoir simplement écrit de la poésie. Avec un sourire à la fois serein et résigné, elle a évoqué un après-midi marquant lorsqu’elle vivait là-bas : un homme cagoulé s’était introduit chez elle alors qu’elle discutait avec une amie, pour lui dire de parler moins fort car, ici, tout le monde pouvait les entendre.
Aux alentours de minuit, une explosion retentissante a éclaté au loin, illuminant le ciel d’un champignon de fumée. Terrifiés, nous avons craint une attaque. Ce n’est qu’au lendemain que nous avons appris qu’il s’agissait d’un accident ayant entrainé l’explosion d’une station de gaz.
Le lendemain matin, avant de les quitter pour continuer notre route, ils nous ont fait visiter les lieux en chantier, porteurs de leurs rêves communs malgré la situation géopolitique : des logements pour leur communauté, une scène de théâtre et des espaces d’exposition.
Un pique-nique au lac Sevan avant de quitter l’Arménie
En quittant Erevan, nous avons rencontrés deux Arméniens, un père et son fils, qui se rendaient dans leurs gites en construction au pied du lac Sevan pour retrouver leurs amis. Nous avons pu déjeuner ensemble autour de leurs rires et des musiques françaises qu’ils ont fait défiler pendant notre baignade. Ils nous ont même appris que Charles Aznavour, sans aucun doute le plus célèbre français d’origine arménienne, était par le passé appelé à devenir Président de l’Arménie. Ils nous ont ensuite laissé sur leur route à Diligent où nous avions l’intention de camper.
Alors que le temps devenait orageux, nous sommes tombés sur Max en faisant du pouce qui se dirigeait directement à Moscou.