De Batoumi à Koutaïssi : premières impressions en Géorgie
Passer la frontière géorgienne révèle rapidement une habitude locale : nombreux sont les Géorgiens qui traversent en Turquie pour profiter de prix plus attractifs. Sur le chemin de Batoumi, nous croisons deux autostoppeuses, pouce levé, ce qui nous laisse penser que le stop pourrait être difficile ici. Pourtant, après quelques pas, un couple géorgien aperçu aux douanes, les bras chargés de courses, s’arrête spontanément pour nous offrir une place dans leur voiture. Le mari, malgré un anglais hésitant, propose même de nous inviter chez lui pour un café, mais sa femme semble moins enthousiaste. Ils nous déposent finalement au centre-ville.
Premiers goûts de la Géorgie à Batoumi
Notre première découverte culinaire : le khatchapouri, un pain généreusement garni de fromage et d’œuf, dégusté dans un petit restaurant. Une expérience gourmande, suivie de notre première bière depuis deux mois, à moins d’un euro le demi-litre. Une promenade le long de la mer Noire, au milieu des locaux pratiquant sport et détente, parachève cette première journée.
En route vers Koutaïssi : rencontres et explorations
Au petit matin, nous levons le pouce pour quitter Batoumi. Après quelques kilomètres de marche dans des rues encore inexplorées, nous nous plaçons en bord de route. Plusieurs conducteurs s’arrêtent, mais tous réclament une compensation, souvent exorbitante. Finalement, une berline nous prend gracieusement et nous emmène directement à Koutaïssi, étape avant Mestia. Notre chauffeur, un habitant de Tbilissi, fait un détour pour nous déposer. En chemin, il nous offre un café, et nous échangeons longuement.
Accueil chaleureux et jeu de société
À Koutaïssi, nous trouvons refuge chez une famille russe gérant un hostel, Alex et Hélène et leurs enfants. Pendant deux jours, nous jouons intensément au Rummikub, souvent accompagnés d’un verre de Chacha. Nos hôtes ont fui la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine et ont refait leur vie en Géorgie. Cependant, leur intégration reste difficile, en raison des tensions historiques entre les deux pays et des barrières linguistiques.
Entre nature et actualité politique
Le lendemain, nous visitons le Green Market avant de partir en randonnée entre les monastères de Ghélati et Motsameta, accessibles facilement en autostop. De retour en ville, nous savourons nos premiers khinkali, redécouvrons le khatchapouri et la bière locale au restaurant El Paso. Près du parc central, nous tombons sur une conférence de presse, prélude à une manifestation contre la controversée « loi russe ». La foule, rassemblée autour de la Colchis Fountain, proteste pacifiquement avant de se diriger vers le théâtre Meskhishvili. Cette loi, portée par le parti majoritaire « Rêve géorgien », divise le pays : tandis qu’une majorité de Géorgiens soutiennent l’adhésion à l’Union européenne, une frange conservatrice reste opposée à cette perspective.
Les sanatoriums de Tskaltubo : étranges vestiges d’un passé soviétique
Non loin de Koutaïssi, à Tskaltubo, se situent des sanatoriums à l’abandon. Abandonnés après la chute de l’URSS, ces bâtiments imposants rappellent l’âge d’or soviétique, lorsqu’ils accueillaient des curistes venus profiter des vertus des sources thermales. Ils sont aujourd’hui envahis par la nature et certains abritent toutefois des familles déplacées par les conflits en Abkhazie, donnant au lieu une atmosphère étrange et empreinte d’humanité. Explorer ces vestiges, c’est découvrir une architecture délabrée et des récits marqués par l’histoire récente de la Géorgie. Entre fascination et malaise, Tskaltubo incarne la coexistence de grandeur passée et de déclin.
Passage inopinée à Samegrelo
En route pour Mestia depuis Koutaïssi, nous levons le pouce, conscients qu’il nous faudra probablement camper en chemin. Notre journée prend un tournant lorsqu’un avocat pénaliste, Lasha, nous prend dans sa voiture. Lasha nous invite à poser notre tente sur sa terrasse en pilotis, niché dans la nature. Le chalet, encore en chantier, est un lieu prometteur pour ses projets de tourisme et de barrage hydraulique. Nous rencontrons ses ouvriers, mangeons ensemble et buvons un peu de vodka. Le lendemain, nous explorons la région, découvrant des cascades cachées dans la verdure du parc national de Samegrelo.