Vue sur Erevan depuis le haut de la "cascade" d'Alexandre Tamanian. En fond se distingue le mont Ararat, Arménie. @helene_decaestecker

Voyage en Arménie : boucle autour d’Erevan

Suite à notre détour en raison du post-frontière fermé à cause des inondations, nous avons enfin pu atteindre Erevan et l’explorer.

À la découverte d’Erevan : un voyage entre tranquilité des parcs et inquiétudes géopolitiques 

Erevan, capitale de l’Arménie, est une ville où il fait bon vivre. Les squares accueillants sont idéaux pour une pause à l’ombre, tandis que les nombreuses fontaines à eau, les « Pulpulak », disposées dans le centre-ville, permettent de se rafraîchir facilement. Malgré les pressions internationales qui entourent l’Arménie, Erevan demeure une ville paisible. Un des points de vue incontournables de la ville se situe au sommet du monument des Cascades, un édifice monumental et inachevé datant de l’ère soviétique. Ce monument abrite également un musée d’art contemporain que l’on visite en prenant l’ascenseur qui mène au point de vue panoramique. À 78 mètres d’altitude, on a ainsi une vue spectaculaire sur Erevan et sur le mont Ararat, en toile de fond.

En découvrant la ville, on remarque la présence de portraits muraux, qui rendent hommage aux soldats et aux victimes du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Pendant notre séjour, des manifestations ont éclatées pour protester contre la décision du gouvernement arménien d’avoir cédé des territoires à l’Azerbaïdjan. 

Une visite poignante du musée du Génocide arménien

Le Musée du Génocide arménien est un lieu de mémoire et de réflexion essentiel pour comprendre l’ampleur du génocide arménien.

Le génocide arménien, qui a eu lieu entre 1915 et 1917, a été perpétré par l’Empire ottoman, conduisant à la mort de plus d’un million d’Arméniens. Ce massacre systématique, encore largement nié par certains États, a eu des répercussions profondes sur la communauté arménienne, qui s’efforce de préserver la mémoire de ses victimes. En Turquie, le génocide reste un sujet tabou, tandis qu’en Arménie, la reconnaissance internationale et la commémoration sont des enjeux cruciaux.

Le musée du Génocide arménien a pour mission de sensibiliser le monde à cette tragédie, tout en honorant les victimes et en préservant la mémoire collective. Le lieu se compose d’un musée moderne et d’un mémorial, qui inclut une flamme éternelle symbolisant la souffrance des victimes et un mur portant les noms des villages détruits. Le mémorial est un endroit solennel et très respecté, où des centaines de visiteurs viennent rendre hommage chaque année. L’architecture du site, en forme de cercle, symbolise l’unité et la résilience du peuple arménien. À notre arrivée dans le musée, la dame d’accueil a insisté pour connaître notre nationalité. En apprenant que nous étions français, son attitude s’est adoucie en nous montrant le sens de la visite tout en nous indiquant qu’on n’avait pas à payer de ticket ; un geste significatif qui témoigne de l’affection profonde des Arméniens pour la France, notamment en raison du rôle historique de la France dans la reconnaissance du génocide. Le musée nous a permis de mieux comprendre l’ampleur du génocide. Nous y avons appris l’implication des journalistes français, qui ont joué un rôle clé dans la documentation et la dénonciation de cette tragédie à l’échelle internationale. L’exposition présente des photographies d’époque, des documents historiques et des témoignages poignants, permettant aux visiteurs de se plonger dans l’histoire et d’en comprendre l’impact dévastateur.


Exploration en autostop autour d’Erevan

En dehors d’Erevan, nous avons décidé de partir en autostop pour explorer les paysages arméniens et rencontrer des locaux. Notre itinéraire improvisé nous a amenés à découvrir plusieurs sites  :

  1. Le lac Sevan, avec l’ancien monastère Sevanavank, un lieu incontournable en Arménie.
  2. Le volcan Armaghan, avec son lac au sommet, un site moins fréquenté par les touristes étrangers.
  3. Le monastère de Novarank, un endroit empreint d’histoire.
  4. Le célèbre monastère de Khor Virap, offrant une vue imprenable sur le mont Ararat.
  5. Le village de Garni, où se trouve la fascinante « symphonie des pierres ».

Le lac Sevan : entre splendeur naturelle et afflux touristique

Le lac Sevan, surnommé la « perle bleue » de l’Arménie, est un site emblématique du pays, à la fois vital pour l’écosystème et profondément ancré dans l’identité culturelle arménienne. Cependant, notre visite à l’ancien monastère Sevanavank, fondé au IXe siècle sur l’île de Sevan, a été ternie par la surfréquentation touristique. Ce monastère, autrefois centre spirituel majeur, est désormais facilement accessible grâce à la baisse du niveau du lac causée par un barrage. Malheureusement, cette accessibilité attire de nombreux touristes, transformant ce lieu paisible en un véritable attroupement. De plus, nous avons été surpris par des prix exorbitants dans les cafés et restaurants locaux, bien au-dessus de la moyenne. Nous avons appris à être prudents et à consulter les avis en ligne avant toute consommation.

Le volcan Armaghan et son lac secret

Loin des foules, nous avons continué notre voyage vers le volcan Armaghan, un lieu peu connu des touristes, situé au-dessus du village de Madina. Après une ascension sous un orage, nous avons trouvé un abri pour nous reposer et profiter d’une vue panoramique sur les paysages environnants. La charmante église qui s’y situe nous semblait géante de loin. La tranquillité du sommet contrastait avec la vie animée que nous avions laissée derrière. Le matin de notre départ, nous avons rencontré des militaires arméniens qui nous ont offert un café. De jeunes soldats prenaient le sens inverse, vers l’ascension du volcan, pour y faire des exercices. 

Le monastère de Novarank 

Nous avions prévu de dormir dans un parc national avant de se rendre au monastère de Novarank. Sauf que ce parc était en réalité occupé par… des ours. Nous avons alors croisé un groupe de voyageurs dans un minibus qui, comme nous, se dirigeaient vers le monastère. Ce monastère, perché à 1550 mètres d’altitude et datant du IXe siècle, est connu pour ses fresques et son rôle historique en tant que centre religieux du royaume de Syunik. La route pour s’y rendre traverse une gorge étroite. À la fin de notre visite, nous avons poursuivi la route avec le groupe. Alors qu’ils se rendaient directement à Erevan, ils nous ont déposés en route, au bord d’un lac proche de la ville de Zangakatun au bord duquel nous avons mis la tente et profité d’un magnifique coucher de soleil, qui a ensuite laissé place aux bruits des oiseaux venus faire une halte dans leur migration. 

Khor Virap : un lieu symbolique proche de la frontière turque 

Khor Virap est un autre incontournable de l’Arménie, notamment pour sa vue spectaculaire sur le mont Ararat. Lieu historique lié à Grégoire l’Illuminateur, qui y fut emprisonné au IVe siècle. C’est ici que le christianisme a été adopté comme religion d’État par l’Arménie. Cependant, la visite de ce monastère a également révélé les effets du tourisme de masse par son affluence et ses multiples shops. Pour de nombreux habitants, le mont Ararat demeure Arménien, malgré la frontière inaccessible et la difficulté à s’y rendre. La région historique de Van, en Turquie, demeure elle aussi un territoire arménien dans l’esprit de beaucoup.

Au delà de ces enjeux géopolitiques, les Arméniens considèrent que les Turcs se sont approprié une partie de leur culture, par exemple en s’attribuant l’origine de la recette des délicieux dolmas – des feuilles de vigne farcies, traditionnellement avec un mélange de riz, d’herbes, de légumes et parfois de viande.

Le village de Garni, une dernière étape imprévue

Le lendemain, nous avons continué vers Garni. La pluie nous a empêchés de visiter le monastère de Gherart. À Garni, les accès à la plupart des sites sont payants ; nous avons préféré les éviter – surtout lorsque les « symphonies de pierres » sont également présentes gratuitement à quelques pas du comptoir. Attention toutefois aux serpents, nous en avons vu de nombreux sur les chemins rocheux que nous avons empruntés (les vipères arménienne, commune et Levantine sont venimeuses). Les aménagements flambants neufs ont aussi constitué une barrière payante pour avoir accès à l’endroit que nous avions repéré pour camper. Heureusement, notre GPS nous a guidés vers « le jardin des artistes », offrant une belle histoire à raconter. 

Cette dernière nuit en tente fut la dernière de étape de notre escapade avant de repartir à Erevan pour y reprendre nos passeports et se diriger vers la frontière russe

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