Sur la route du parc de Zaamin, Zomin sur ombori, Djizazk, Ouzbékistan. @helene_decaestecker

Ouzbékistan, sur la route des merveilles et des mirages

Voyager en Ouzbékistan, c’est traverser des villes aux destins contrastés, entre vestiges grandioses et réalités plus arides. De Nukus, où le séjour fut écourté, à Boukhara, merveille intemporelle de la Route de la Soie, chaque étape révèle une facette du pays. Samarkand impressionne par son architecture, tandis que la quête de fraîcheur mène vers des refuges incertains. Tachkent, capitale sans éclat, contraste avec l’atelier de la soie à Margilan, où un savoir-faire ancestral tente de survivre. Voici quelques impressions, entre admiration et désillusion.


NUKUS, UN SÉJOUR ÉCOURTÉ

Nukus est connue pour son musée Savitsky et comme point de départ pour les touristes souhaitant passer une nuit exorbitante près du lac d’Aral, cette ancienne mer victime de l’une des pires catastrophes écologiques causées par l’homme. Sur la route menant à Nukus, nous l’avons aperçue de loin, cette tragédie silencieuse, cette plaie béante dans le désert. Un tas de larmes figées, pleurant ce qu’il lui reste. Nous avons écourté notre séjour dans cette oasis bercée par des vents chargés du sel d’une mer fantôme.


BOUKHARA, MERVEILLE DE LA ROUTE DE LA SOIE

Nos sacs déposés dans notre petite chambre, nous avons profité de la douceur relative du soir pour explorer la ville. Les rues désertes livrent leurs bâtiments colorés à notre regard curieux. Ici, rares sont les femmes voilées, les mosquées sont silencieuses, et l’alcool comme la cigarette ne se cachent pas. La Turquie nous semble bien lointaine. Les hommes arborent souvent une coiffe traditionnelle, la tubeteika, tandis que nos visages pâles tranchent avec les peaux hâlées et les silhouettes drapées de tissus amples.

Les quelques bazars pour touristes font piètre figure face à l’image mythique des anciens caravansérails, où les marchands de la Route de la Soie négociaient épices et étoffes précieuses. Mais il reste les monuments : briques entrelacées, céramiques émaillées, mosaïques infiniment variées, témoins silencieux d’un patrimoine islamique d’une richesse inégalée.


SAMARKAND, TRÉSOR ARCHITECTURAL

Ancienne capitale de l’Ouzbékistan, Samarkand est un trésor architectural que l’on convoite des yeux. Perle de la Route de la Soie, elle fascine par la majesté de la place du Régistan, la splendeur du mausolée de Tamerlan et les coupoles de ses mosquées tapissées de mosaïques bleues. Carrefour des civilisations, elle mêle influences persanes, chinoises et russes, offrant un décor digne d’un conte.


À LA RECHERCHE DE FRAÎCHEUR

L’Ouzbékistan n’offre que peu d’espaces où la nature s’exprime librement. Pas de forêts profondes, pas de prairies sauvages, seulement des villes minérales, des étendues de sable et des routes brûlantes. Pour un souffle de fraîcheur, il faut partir loin, vers Zaamin, où les montagnes offrent un semblant de refuge. Mais ce n’est pas tant la beauté du lieu qui marque, seulement la sensation d’une permission temporaire : celle d’échapper, l’espace d’un instant, à la morsure inlassable du soleil.


TACHKENT, CAPITALE SANS ÉCLAT

La capitale moderne de l’Ouzbékistan n’a rien de la splendeur architecturale de Boukhara ou de Samarkand. On en repart avec une pointe de déception. Détruite par un séisme en 1966, Tachkent a été reconstruite dans un style mêlant influences soviétiques et orientales, visibles dans ses bâtiments massifs et fonctionnels. Son grand marché nous a laissé un souvenir mitigé : l’odeur persistante de viande en décomposition l’emportant sur les rares vestiges témoignant encore de la beauté d’antan.


ATELIER DE LA SOIE À MARGILAN

Située dans la vallée de Ferghana, Margilan fut autrefois un centre prospère de production de soie. Réputée pour ses tissus ikats colorés, elle prospérait au cœur de la Route de la Soie. Pourtant, ce passé glorieux semble aujourd’hui bien lointain. L’artisanat traditionnel, en déclin, peine à exister au sein de la ville. Pour le découvrir, il faut fouiller, chercher, presque s’égarer. C’est sur internet que l’on trouve l’adresse d’un des derniers ateliers encore en activité, survivant moins grâce à son savoir-faire que par l’attrait des touristes curieux de toucher du doigt un art en sursis.

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