Bivouac au sommet du "Guli pass", entre Mazeri et Mestia
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Randonnée en Svanétie : de Mazeri à Mestia, entre défis et rencontres

Un départ sous le signe de l’hospitalité

Nous avons quitté Lasha et ses amis en fin de matinée après un repas copieux. En faisant du marche-stop, nous avons rencontré un ingénieur du barrage qui se rendait au supermarché à sept kilomètres. Arrivés sur place, nous avons fait nos provisions avant de repartir sur la route principale menant à Mestia. C’est là qu’un couple de Hollandais, Eva et Jan-Willem, nous proposa de nous emmener à destination en 4×4. Ils passaient leurs vacances en Géorgie et en Arménie et avaient loué un véhicule pour l’occasion.

Au croisement Mazeri-Mestia, nous avons rencontré une hôtelière qui nous a invité à prendre un café et des sucreries dans son hôtel, après avoir appris nos intentions. Sur les conseils de Fatih, notre hôte à Trabzon et passionné d’escalade, nous avons en effet décidé de suivre le chemin de randonnée Mazeri – Mestia, qu’il considère comme le plus beau. Elle nous a avertis que le col menant à Mestia serait probablement encore enneigé, ce qui nous inquiéta un peu. Elle nous proposa de rester dans son hôtel pour la nuit, mais après réflexion, nous avons décidé de tenter l’ascension, prévoyant de revenir si la situation devenait trop dangereuse.


Ascension périlleuse vers le col enneigé

Après une nuit reposante passée dans la vallée, nos premiers kilomètres de l’ascension furent difficiles. La chaleur accablante combinée au poids de nos sacs de 14 kg rendait chaque pas plus lourd. Au bout de quelques heures, la neige est apparue, nous forçant à adapter notre trajectoire. À mi-chemin, la neige avait fondu, laissant place à des terrains parfois instables et de plus en plus escarpés. Nous avons continué, un pas après l’autre, essayant d’éviter les dangers qui nous entouraient.

À environ 100 mètres du sommet, chaque mètre gagné était une victoire. À ce moment-là, la fatigue et le terrain difficile ont mis notre mental à l’épreuve, mais finalement, après beaucoup d’efforts, nous avons atteint le sommet.


Un bivouac sur le toit du monde

La nuit sur les hauteurs est rude, bercée par le vent et hantée par les traces d’ours aperçues plus tôt. Mais l’aube offre un spectacle inoubliable : un lever de soleil majestueux embrasant les montagnes. Le sentier pour se rendre à Mestia étant presque totalement enneigé, nous décidons de faire demi-tour. Après un maigre repas, nous redescendons avec précaution, profitant de nos empreintes de la veille pour retrouver notre chemin. De retour à Mazeri, l’hôtelière nous accueille à nouveau avec sa bienveillance réconfortante.


En route vers la Mestia Cross

Le stop vers Mestia révèle les défis des routes locales, sinueuses et parfois vertigineuses. Un militaire nous a pris en voiture, roulant à vive allure tout en nous conseillant de « nous détendre », car habitué à conduire ainsi. Après avoir fait quelques provisions à Mestia, nous avons décidé de nous lancer dans une autre randonnée, mais cette fois-ci plus sécurisée, la célèbre « Mestia Cross ». Ce parcours ardu nous a menés à travers un dénivelé de plus de 800 mètres. Pendant deux heures, nous avons ainsi grimpé en s’arrêtant régulièrement pour reprendre notre souffle et se désaltérer. Mais la récompense était à la hauteur des efforts fournis : un panorama imprenable sur les montagnes enneigées et une expérience inoubliable de communion avec la nature accompagnée des lumières de la ville à nos pieds. Nous avons établi notre tente sur la plateforme qui s’y situe, à l’abri des aboiements des chiens.


Ushguli : Un village au bout du monde

Ushguli est un petit village perché à plus de 2200 mètres d’altitude, accessible seulement la moitié de l’année. Ushguli est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses tours de défense svanes, construites à partir du IXe siècle et typiques de la région.

Nous avons pris la route pour Ushguli en stop. Le premier à s’arrêter est un jeune Géorgien amoureux de sa région. Il a monté une entreprise de balades à cheval pour touristes, dans une zone où les jeunes désertent et les villages se vident. Les seconds, Gita et Stef, un jeune couple de Hollandais (eux aussi en 4×4 loué et en partance pour l’Arménie) nous emmènent avec eux au glacier Shkara. Ce glacier est une frontière naturelle avec la Russie et culmine à plus de 5500 mètres d’altitude. Après avoir passé l’après-midi en leur compagnie, puis hésité à les suivre pour retourner à Mestia, nous avons finalement opté pour camper dans la vallée du glacier, mais la nuit fut marquée par une pluie incessante. Le lendemain, alors que nous tentions de rejoindre la route principale, un couple de voyageurs roumains, sacs à dos surchargés et visiblement au bord du désespoir, s’est précipité vers nous en demandant si nous allions à Mestia, comme s’ils venaient de croiser leur miracle. Spoiler : nous étions exactement dans la même galère qu’eux, en quête du bon spot pour lever le pouce. Bien qu’ils semblaient mal en point, nous avons choisi de leur laisser l’avantage de se présenter les premiers aux voitures. Mais, surprise ! Deux kilomètres plus loin, voilà qu’ils nous rejoignent, nous poussant à continuer notre marche sur cette route sinueuse et dangereuse sur une dizaine de kilomètres. Finalement, un artiste de théâtre de marionnettes géorgien nous a pris dans sa voiture, avec à son bord un couple de touristes russes.


Retour à Koutaïssi : des rencontres inattendues

Le trajet de retour à Koutaïssi en autostop fut marqué par des rencontres aussi improbables qu’enrichissantes. Nous avons croisé un ancien militaire géorgien, ayant vécu la guerre de 2008, un conducteur orthodoxe qui nous expliqua comment la foi occupait désormais une place centrale dans sa vie après une révélation récente (les religions étant proscrites par le communisme soviétique, athée), et enfin, en arrivant à notre hostel nous avons retrouvé un bikepaker français que nous avions rencontré sur les sommets de Mestia auparavant ! Notre séjour à Koutaïssi s’est évidemment terminé par quelques parties de Rummikub dans ce fameux hôstel. Avant de quitter la ville, nous avons fait une halte au Green Market, lieu emblématique, pour un petit-déjeuner rapide.

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