Sur une petite route poussiéreuse, Julian a rencontré des allemands au milieu de nulle part et ont pris la direction d'un col ensemble. Les paysages, la sensation de liberté et l'effet glissant, qui accompagnent cette photo, illustrent parfaitement le voyage à vélo pour Julian. @Julian Beaudry

« Je voulais me réapproprier le temps » : le voyage France – Japon de Julian en vingt mois 

Tout plaquer pour partir à vélo à l’autre bout du monde, ça fait rêver, non ? C’est exactement ce qu’a fait Julian (n’hésite pas à jeter un coup d’oeil à son polarsteps ici). De Tours à Tokyo, en passant par les montagnes du Kirghizistan, il nous raconte son voyage de deux ans, ses galères et ses émerveillements, mais aussi son rapport au temps, à l’indépendance et à l’imprévu.


Quel est ton parcours ?

J’ai grandi près de Tours dans un milieu stable et suivi un parcours scientifique. Après un DUT Réseaux et Télécoms avec une alternance chez Orange, j’ai intégré l’UTT en école d’ingénieurs, où j’ai découvert le vélo grâce à l’association La Roue Verte, qui remettait en état les vélos des étudiants pour une somme dérisoire, à condition qu’ils participent aux réparations. Mon cursus m’a ensuite mené à Tokyo et Metz pour un master en cybersécurité.

J’ai ensuite travaillé comme pentesteur à Paris tout en vivant à Tours, ce qui m’a permis d’économiser. Si le travail me plaisait, l’environnement corporate, lui, beaucoup moins. Après trois ans et demi, j’ai démissionné de mon CDI. 

Comment as-tu eu l’idée de partir au Japon à vélo ?

Avant mes études, je détestais le vélo. Le déclic s’est fait en trois étapes. D’abord, un voyage familial de trois jours sur la Loire à Vélo, où j’ai découvert le plaisir de voir défiler les paysages lentement. Ensuite, en me renseignant sur le voyage à vélo, je suis tombé sur un reportage racontant l’histoire d’un couple qui, après leur lune de miel, avait décidé sur un coup de tête d’acheter deux vélos et de traverser l’Amérique du Sud. À la fin du reportage, je me suis dit : « C’est ça que je veux faire. ». Enfin, en étudiant, j’ai commencé à rouler plus souvent.

Petit à petit, j’ai allongé les distances : un week-end, une semaine, puis un mois. L’idée a germé : pourquoi ne pas traverser l’Europe ? L’Asie ? Jusqu’au Japon ? J’avais économisé et j’ai fini par partir. Sans itinéraire rigide, je me suis laissé guider par mes envies : Vienne, Budapest, les montagnes du Kirghizistan, la Chine… jusqu’au Japon, un pays que je connaissais déjà et que je rêvais de redécouvrir autrement.

Quand es-tu parti et quel itinéraire as-tu suivi ?

Je suis parti en septembre 2022. Mon itinéraire a évolué en fonction des visas, entre autres. Le Kirghizistan était un point clé de mon voyage et je voulais aussi découvrir l’Ouzbékistan pour son aspect culturel. Ensuite, mon objectif était de rejoindre le Japon sans avion. Malheureusement, je n’avais pas anticipé le visa chinois. À l’époque, il n’y avait pas d’exemption de visa de transit. J’aurais pu faire ma demande en Géorgie ou en Arménie, mais à ce moment-là, j’étais focalisé sur un autre problème : la traversée de la mer Caspienne, qui ne pouvait se faire qu’en avion car la frontière terrestre azerbaïdjanaise est fermée. Je pensais pouvoir obtenir mon visa chinois en Asie centrale, mais ce n’était pas possible. En novembre, je me trouvais au Kazakhstan, et l’idée de traverser la Mongolie en hiver ne m’enthousiasmait pas. J’ai donc pris l’avion pour atterrir à Bangkok. J’ai traversé la Thaïlande, le Laos, le Vietnam, la Chine et la Corée du Sud avant d’arriver au Japon, d’où j’ai renvoyé mon vélo en cargo. J’ai aussi utilisé quelques transports en commun et fait un peu d’autostop.

Quel a été ton budget pour ce voyage ?

J’avais estimé mon budget à environ 15 000 € pour plus d’un an de voyage. Je suis parti avec 37 000 € de côté. Après deux ans de voyage, j’ai dépensé environ 23 000 €. J’ai toujours fait attention à mes dépenses sans être ultra-minimaliste. Certains voyageurs arrivent à dépenser encore moins, mais j’ai préféré garder un certain confort.

Quels sont tes modes d’hébergement ? Utilises-tu Warmshowers ?

Je dors sous tente 80 % du temps, et les 20 % restants en auberge, surtout dans les grandes villes.
J’ai un blocage avec Warmshowers. Je suis inscrit sur la plateforme mais je ne l’utilise pas. J’ai l’impression que c’est « tricher » : envoyer un message à quelqu’un pour demander un hébergement, ça me met mal à l’aise. Je sais que les hôtes sont contents d’accueillir les voyageurs, mais je préfère que ça se fasse spontanément, suite à une rencontre. Parfois, je suis invité spontanément par les locaux mais, globalement, je privilégie le bivouac.

As-tu des habitudes sur la route, par exemple en terme de rythme ? Comment gères-tu ton alimentation et ton ravitaillement ?

Elles ont évolué. Au début, j’aimais avoir une routine efficace, mais chaque passage en auberge la perturbait, m’obligeant à m’adapter à nouveau. À mon départ, je m’étais fixé 50 km par jour, mais finalement, j’en fais souvent plus. Si j’ai une seule habitude constante, c’est mon porridge du matin : souvent avec du chocolat, du miel ou parfois de la confiture pour l’agrémenter. Pour l’alimentation, c’est beaucoup de pâtes, de lentilles, et de soupes instantanées que j’agrémente d’épices. J’essaie d’ajouter du fromage, des fruits et des légumes quand j’en trouve. J’évite les aliments frais pour des raisons pratiques, mais dès que j’ai l’occasion d’en consommer sur place, je n’hésite pas. Pour le ravitaillement, cela dépend des pays. En Europe, je ne me posais pas la question : un paquet de féculents suffisait. Mais en Russie et au Kazakhstan, les zones désertiques imposaient plusieurs jours de ravitaillement. Je transportais alors plusieurs bouteilles d’eau et je prévoyais toujours une demi-journée supplémentaire de provisions.  En Asie du Sud-Est, je mangeais principalement au restaurant, car c’était bon marché.

Dans quel état d’esprit voyages-tu à vélo ?

Mon objectif, c’est d’atteindre un point donné, mais le reste est flexible. Je me fixe une route qui a l’air jolie, intéressante, isolée… et quand j’en ai marre d’être dans des endroits trop reculés, je prends une route plus fréquentée. C’est vraiment au jour le jour. Je ne prévois pas de dormir chaque soir à un endroit précis.

Le matin, j’ouvre la carte et je décide où aller. En Turquie, par exemple, j’ai longé la côte vers Fethiye, mais la route était trop compliquée : inondations, passages où je devais porter le vélo… Les beaux endroits étaient soit difficiles d’accès, soit privatisés ou payants. Sur un coup de tête, j’ai changé de plan et je suis parti vers la montagne. J’en ai bavé, mais ça valait le coup ! C’est ça, voyager à vélo : beaucoup d’improvisation. Quand tu voyages avec d’autres, il faut s’adapter à leur rythme… parfois ça fonctionne, parfois non.

Je n’ai pas ressenti tant que ça de décalage avec d’autres cyclovoyageurs. Ça arrive surtout quand tu roules longtemps avec des bikepackers qui voyagent différemment. D’un autre côté, c’est enrichissant, je m’adapte à leur façon de faire… sauf quand il faut aller vite, parce que ce n’est pas ma manière de voyager. Mais peu importe les différences de vision, un partage inconditionnel se crée. C’est ce que j’ai ressenti tout au long du voyage.

Quand tu voyages à vélo, est-ce qu’il y a une démarche écologique ?

Honnêtement, ce n’était pas mon premier critère. Ce qui m’a motivé, c’est avant tout la liberté et l’indépendance. Je voulais me réapproprier le temps, revenir à l’essentiel : manger, dormir, avancer… mais aussi profiter du superflu non productif : écrire, lire, jouer avec des enfants, dessiner, observer un paysage, faire la sieste, prendre des photos…

Dans la vie quotidienne, on enchaîne boulot, transports, dodo. On bouffe notre temps sans s’en rendre compte. Le voyage à vélo, c’est l’inverse : tu prends le temps de faire des choses que tu ne ferais jamais dans ton quotidien. Le côté écologique, c’est un bonus. Par exemple, je refuse de prendre l’avion, même quand mes proches me demandent de rentrer. Faire un aller-retour juste pour ça n’aurais pas de sens. 

Le passage en avion des grands espaces d’Asie centrale à Bangkok a été probablement le moment où je me suis senti le plus mal durant mon voyage. À chaque fois que je prends l’avion, je ressens un choc, physique ou moral. Quand tu traverses les pays progressivement, les changements se font en douceur. Mais en avion, tout bascule d’un coup : j’ai quitté une zone russophone où j’avais appris à communiquer, pour me retrouver en Thaïlande où tout le monde parle thaï ou anglais. La manière de communiquer est différente : en Thaïlande, il y a le jeu du sourire. Tu ne sais jamais vraiment si c’est un « oui » ou un « non ». Il y a beaucoup de voyageurs venus pour faire la fête. Ce n’est pas ma vibe. Il faisait très chaud, c’était surpeuplé, et il n’y avait plus ces vastes paysages montagneux comme en Asie centrale. Enfin, j’avais quitté une bande de potes incroyables au Kazakhstan, ce qui a aussi joué sur mon moral.

 Comment gères-tu les moments de fatigue et de solitude ? 

Ma fatigue est plutôt constante. Ça m’arrive d’être fatigué en fin de journée, mais jamais complètement cassé. Quand je dors en auberge, c’est plutôt pour gérer l’administratif, laver mes affaires correctement plutôt qu’à la main. Quand j’ai besoin de souffler, je prends deux ou trois jours pour moi. Pendant ce temps-là, je m’isole, je continue à écrire, j’écoute de la musique, je regarde des séries… des choses que je ne fais pas forcément quand je suis sur la route. Dès que je me sens reposé, les auberges de jeunesse me permettent aussi de rencontrer d’autres voyageurs. Alors que je me considère introverti et timide, ces longues périodes de solitude me permettent de sociabiliser. Si une connexion se fait, je vais m’intégrer facilement. À l’inverse, lorsque je suis entouré trop longtemps, j’ai besoin de solitude pour retrouver un équilibre. 

Autostop et vélo : comment as-tu combiné les deux ?

J’ai eu plusieurs expériences d’autostop. La première fois, c’était en Albanie, dans une situation d’urgence : j’étais épuisé, il y avait une tempête et je devais traverser un col de montagne pour trouver un abri dans le village suivant. J’ai essayé de faire du stop, mais ce n’était pas simple. Personne ne comprenait ce que je voulais, et il fallait aussi que la voiture puisse transporter mon vélo. Finalement, ça a fonctionné, mais c’était loin d’être une partie de plaisir. Par la suite, ce sont les rencontres en auberge qui m’ont introduit à l’autostop. J’ai croisé des voyageurs qui marchaient et faisaient du stop, et ça m’a intrigué. J’ai donc voyagé avec eux, laissant parfois mon vélo pour essayer. En Géorgie, par exemple, j’ai voyagé avec un couple de Belges. Au Kazakhstan, on était un groupe de sept, et on a improvisé une sorte de Pékin Express en stop pendant trois jours. C’était une expérience incroyable. C’est en vivant ces expériences que je me suis demandé : Pourquoi me limiter au vélo ? J’adore ça, mais il y a plein d’autres façons de voyager. 

À titre de comparaison, quels sont pour toi les avantages et les inconvénients du vélo et l’autostop ?

Pour le vélo :
✅ Liberté totale : je peux aller où je veux, quand je veux, camper où bon me semble.
✅ Le vélo crée une connexion naturelle avec les gens. Ils sont souvent impressionnés et bienveillants, ce qui facilite les rencontres.
✅ On traverse vraiment les endroits reculés, alors qu’en autostop, on ne fait que les traverser rapidement.

❌ Difficile de combiner vélo et transports en commun.
❌ Exposition aux dangers de la route (voitures, camions…), surtout en ville.

Pour l’autostop :
✅ Rencontres plus profondes : les locaux t’accueillent plus spontanément et tu partages des moments intenses.
✅ Moins de fatigue physique qu’en vélo.

❌ Dépendance aux autres : il faut patienter au bord de la route et accepter de ne pas toujours choisir sa destination précise.
❌ On est souvent coincé en ville, ce qui enlève l’aspect bivouac et liberté que j’aime tant avec le vélo.
❌ Les interactions ne sont pas toujours positives. Contrairement au vélo qui suscite la sympathie, l’autostop peut parfois générer de la méfiance ou de l’incompréhension.

Voyager en autostop à deux ou trois, c’est encore autre chose : il y a un vrai esprit d’équipe, c’est fun et dynamique. Seul, c’est plus compliqué, surtout dans des pays où la barrière de la langue est forte, comme au Japon ou en Corée.

Le passage d’une frontière terrestre où tu as ressenti le plus de contraste ? 

Quand tu quittes le Vietnam pour la Chine, les routes deviennent paisibles et agréables. Un vrai choc. Les codes sociaux sont différents. Leur manière de communiquer peut sembler brusque. En ville, tout est ultra-connecté : on paye principalement avec son téléphone, il y a des caméras partout, des gratte-ciels immenses. À la campagne, cette modernité est moins visible, mais dans les grandes villes, elle est omniprésente. En Chine, j’ai adoré le Yunnan. La Chine offre une diversité folle de cultures et de paysages. Ce qui m’a moins plu, c’est le tourisme de masse à la chinoise. Mais la nourriture est incroyable et les gens sont très gentils. 

Quels sont les pays que tu as le plus apprécié et le moins apprécié ?

Le pays que j’ai le plus apprécie pour ses paysages, c’est le Kirghizistan, sans hésiter. Sur le plan culturel, le sud de la Russie m’a beaucoup surpris, notamment le Dagestan et la Tchétchénie. On a une image très négative de ces régions à cause des conflits et des questions de droits humains, notamment des femmes, mais c’est là que j’ai reçu le plus bel accueil de tout mon voyage. J’ai voyagé pendant un mois en Russie avec un visa touristique. J’ai suivi la grande chaîne de montagnes entre l’Azerbaïdjan et la Russie, puis longé la mer Caspienne jusqu’à Atyraou. En Géorgie, j’avais rencontré un Daghestanais dans une auberge. Il était en vacances et m’avait dit : « Si tu passes chez moi, je t’accueille. » J’ai donc accéléré mon trajet pour aller le voir. Grâce à lui, j’ai découvert plein de choses à Makhatchkala avant de passer quelques jours à Astrakhan que j’ai bien aimé.

Le pays que j’ai le moins apprécié, je dirais que c’est la Corée du Sud. En suivant la piste cyclable, c’était trop facile et ça m’a frustré. Mais c’était intéressant de voir comment ils développent les infrastructures urbaines. J’ai laissé mon vélo chez un hôte pour faire du stop. Là-bas, c’est très mal vu. J’ai même dû m’expliquer auprès des autorités avec l’aide d’une traductrice, car les gens trouvaient ça dangereux qu’un étranger fasse du stop. Malgré cela, j’ai aussi rencontré des personnes adorables. La Corée du Sud ne se résume pas à des villes ultra-modernes où personne ne se regarde, mais c’est l’image qui m’a marqué. On se sent tout petit face aux immenses buildings, et il y a peu d’interactions humaines.  Il y a aussi un aspect de compétition sociale qui ne me plaît pas, un sujet plus tabou en France. Par exemple, sur les pistes cyclables très populaires, dès que quelqu’un venait me parler, au bout de trois ou quatre questions, il me demandait : « Ton vélo t’a coûté combien ? ». Puis s’ensuivait une comparaison avec le sien : marque, matériau, prix… Comme si posséder un certain vélo était un marqueur de réussite. Cela dit, il y a des choses sympas à voir et à faire, notamment les parcs nationaux, parfaits pour des randonnées sur plusieurs jours. Par exemple, Seoraksan est assez connu. Un autre sommet moins populaire car plus difficile d’accès, mais que j’ai trouvé génial, c’est Jirisan.

Arrivé au Japon, que ressens-tu ? 

Après la Corée, j’avais hâte de retourner au Japon où j’avais déjà passé six mois en échange à Tokyo. C’était l’occasion pour moi d’explorer à vélo une autre facette du Japon en me rendant sur l’île de Shikoku, connue pour son pèlerinage à travers une centaine de temples. Ce qui m’a surpris à Shikoku, c’est l’accueil des habitants. Contrairement à l’image que j’avais du Japon, où l’on parle souvent d’une certaine timidité, ici, les gens venaient spontanément vers moi pour m’aider.

Quels ont été les moments les plus marquants dans ton voyage, qu’ils aient été compliqués que sublimes ? 

Au Monténégro, j’ai monté ma tente sans réaliser que j’étais pile dans un effet venturi. Il a plu toute la journée, et j’étais à quelques kilomètres d’une tempête. Pendant toute la nuit, le vent a été si violent que l’arceau de ma tente s’est retourné. J’ai passé la nuit à maintenir les arceaux, ne sachant pas si ma tente allait résister. Le lendemain, mon téléphone était mort, je n’avais plus de carte pour diriger vers l’Albanie. J’ai dû arrêter des voitures toutes les heures en demandant « Albania, Albania ? » pour trouver mon chemin. Finalement, j’ai atteint Shkoder où j’ai pu régler mes problèmes. Pendant quelques jours, le moindre souffle du vent sur ma tente me terrifiait. 

Les moments un peu hors du temps sont toujours lié à un moment difficile surmonté. Je me souviens d’une journée banale en Croatie : je suivais la côte, mais la route que je voulais prendre était bloquée. Impossible de faire demi-tour, j’ai dû grimper un canyon et franchir plusieurs petits cols. J’en ai vraiment bavé. Arrivé au sommet du dernier col, j’ai découvert un coucher de soleil incroyable sur la mer Adriatique. La montagne plongeait dans l’eau, et je suis redescendu avec cette lumière dorée qui illuminait tout le paysage. C’était un moment suspendu. Au Kirghizistan, l’ascension vers Ala-Kul en hiver fut mémorable. Alors que je m’étais rabattu sur les sources chaudes, plus bas, avec un Coréen, on a rencontré d’autres randonneurs sur le chemin du retour qui nous ont dit que l’ascension du col était faisable, malgré une partie enneigée mais praticable sur deux kilomètres. On s’est donc mis à monter, mais plus nous montions, plus nous doutions. Sur la première moitié du parcours, le Coréen me poussait en m’encourageant alors que sur la seconde moitié, nos rôles se sont inversés. La neige a fini par nous arriver aux genoux, et la nuit tombant, elle a commencé à geler. Il fallait creuser des marches pour éviter de glisser. Une fois arrivés au sommet, il y avait ce lac gelé, entouré de montagnes enneigées. C’est le paysage le plus incroyable que j’ai pu voir. J’en ai encore la chair de poule quand j’en parle !

Peux-tu nous raconter ton arrivée en Australie, tes ressentis, tes projets ? 

Après le Japon, je suis revenu en Chine et au Vietnam, où je suis resté assez longtemps. Là-bas, j’ai eu un gros coup de fatigue, notamment parce que, sans mon vélo, je perdais l’indépendance et la liberté qu’offre ce mode de voyage. Finalement, j’ai pris un vol du Vietnam vers l’Australie pour un PVT, afin d’économiser pour un futur voyage en itinérance.

L’administratif, c’est simple et bien documenté. Mais trouver du travail et s’intégrer, c’est une autre histoire, surtout dans les grandes villes où tout le monde atterrit. Il y a un côté « American Dream » en Australie, mais si tu restes en ville, c’est compliqué. Mieux vaut aller dans des coins reculés, il y a plus d’opportunités.

J’ai gardé ma mentalité de voyageur : je dors dans ma voiture, je cherche du boulot en itinérance, je vis un peu comme un vagabond. Mais l’esprit de bienveillance et de partage entre voyageurs, que j’avais trouvé ailleurs, je l’ai moins ressenti ici.

Tout est cher, très « américanisé ». La communication des Australiens est différente. J’adore l’aspect multiculturel, mais socialiser avec des Australiens sédentaires, c’est autre chose. J’ai mis un mois à accepter psychologiquement que j’étais là pour bosser.

Quels conseils donnerais-tu aux gens qui voudraient se lancer ?

En stop, je dirais de trouver quelqu’un qui en a déjà fait et de partager l’aventure avec lui. C’est souvent une expérience incroyable : entre une personne complètement novice, qui n’a aucune connaissance et à qui ça fait un peu peur, et une autre plus expérimentée qui la rassure, il se crée un lien très fort. Cela pousse la personne qui débute hors de sa zone de confort et renforce la complicité entre les deux. Je trouve que c’est une super expérience.

Pour moi, le vélo est le meilleur moyen de voyager, mais ce n’est pas pour tout le monde. Il y a une vraie dimension physique. Si on n’a pas l’envie à la base, ça risque d’être difficile. Pour ceux qui hésitent, qu’ils n’hésitent pas à me contacter ! Que ce soit pour l’équipement, les pays, la nourriture ou mon organisation, je peux partager mon expérience et envoyer tous les liens que j’ai à disposition. La communauté des cyclovoyageurs est un énorme atout : il y a toujours quelqu’un pour répondre aux questions et donner des conseils.

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