Turquie du Sud-Est : Quatre villes, quatre atmosphères
Plongez au cœur de la Turquie du Sud-Est, une région riche en histoire, en culture et en contrastes. Découvrez Adana, Gaziantep, Şanlıurfa et Mardin, des villes aux ambiances singulières et aux récits marqués par le passé et le présent.
Adana : une chaleur écrasante et un kebab iconique
Adana, ville dont le célèbre kebab porte le nom, nous avait été vantée pour ses saveurs extraordinaires. Cependant, en avril, cette métropole gigantesque nous plonge dans une chaleur comparable à un été caniculaire. Une immense mosquée récente se dresse fièrement au bord d’une rivière desséchée, entourée d’imposants immeubles qui semblent toucher le ciel.
Adana 🖊️💭
À Adana, on se perd sans trop savoir quoi faire. Cette ville n’est pas pour nous, nous n’avons pas de repère. On se repose sur un banc situé dans un parc bien vert. Un homme avec une barbe blanche nous interrompt. « Voulez-vous venir avec moi ? Je vais vous faire découvrir les environs ». Par ennui et pour être gentil, on le suit et on finit par entrer dans une mosquée dont on croyait l’accès interdit. Il nous montre une poutre et nous demande de la toucher pour nous faire remarquer comment le bois est vieux. On fait le tour des lieux puis nous fixe droit dans les yeux. « C’est tout ? » pense-t-on, silencieux. Son grand sourire s’inverse alors et s’ouvre pour nous demander de l’argent. Dupé, gêné de perdre notre temps, on se demande comment sortir de ce moment embarrassant. C’est avant qu’il ne remarque d’autres étrangers entrer. Il se jeta soudainement sur eux, le sourire brusquement retrouvé.
Gaziantep : une ville meurtrie mais fière
À Gaziantep, ou Antep comme l’appellent les locaux, les séquelles du tremblement de terre de l’an dernier sont encore visibles. Des immeubles détruits et les remparts du château, eux aussi endommagés, témoignent de la catastrophe. La ville tire son préfixe « Gazi », signifiant « vainqueur », de la victoire des forces turques contre les troupes françaises en 1921, un symbole de sa résilience.
Şanlıurfa : un lieu de pèlerinage et d’histoire
Surnommée Urfa, cette ville labyrinthique résonne des langues turques et arabes. Elle est imprégnée de spiritualité, ayant accueilli les prophètes Abraham et Jacob. Aujourd’hui, Şanlıurfa abrite de nombreux Syriens ayant fui la guerre civile. Parmi ses lieux emblématiques, le parc Gobais, où un lac regorge de carpes sacrées, est un incontournable.
Le préfixe « Şanlı », signifiant « glorieuse », honore la résistance héroïque des habitants face aux forces françaises en 1920, un héritage de la guerre d’indépendance turque.
Mardin : un carrefour culturel et religieux
Perchée au sommet d’une colline, Mardin offre une vue imprenable sur les plaines verdoyantes de Mésopotamie. Ces paysages sont aujourd’hui marqués par un long mur, érigé en 2013 par l’État turc, séparant la Turquie de la Syrie et suscitant l’indignation des Kurdes.
Mardin est un véritable melting-pot où cohabitent Turcs, Arabes, Assyriens et Kurdes, mais aussi différentes religions, symbolisées par des mosquées et des églises. Les minarets, comme celui d’Ulu Camii, imposent par leur grandeur. C’est ici que nous goûtons pour la première fois aux « Cig Köfte », une spécialité locale épicée, préparée avec soin à la main.
Conclusion : une région au passé complexe et au présent vibrant
La Turquie du Sud-Est est marquée par une histoire tumultueuse, où les adjectifs honorifiques comme « Gazi » et « Şanlı » rappellent les luttes pour l’indépendance. Cependant, cette région se distingue également par sa richesse culturelle et humaine.